J'ai pris conscience assez récemment, que je vivais comme enfermée dans un cube de plexiglas. Spectatrice, je regardais la vie en général derrière une barrière que j'avais construite, qui me coupait des autres et de moi-même. Insensible à ce qui se passait autours de moi, coupée de mes émotions et de mon ressenti, coupée des autres. Enfermée dans une carapace qui ne laissait pas filtrer grand chose, sauf quand la pression ouvrait une petite brêche. Un peu comme une cocotte minute.
J'avais reçu le message il y a quelques années, d'une belle aux bois dormants endormie dans son donjon. L'image m'avait déjà beaucoup parlé à l'époque, mais j'étais bien loin de comprendre tout ce que cela sous-entendait vraiment.
Huit ans plus tard, et autant d'années de travail sur moi de pleins de façons différentes et complémentaires (work toujours in process parce qu'au final, il ne s'arrête jamais), je commence à vraiment me rendre compte. Et reconnaitre que je suis une personne hyper-sensible au fond. Qui s'est forgée une carapace bien épaisse dès l'enfance pour se protéger et survivre dans un monde de grands. Apprendre à taire mes émotions et mes ressentis pour ne pas trop souffrir et développer un gros mental pour analyser, anesthésier, rationnaliser...Un petit "robot" branché sur pilote automatique qui ne voit rien et n'entend rien, sur qui "tout glisse", et qui tient à distance tout ce qui pourrait venir perturber son pseudo équilibre. Et qui fait des "resets" hypers réguliers pour vider son disque dur des évènements. Devenu amnésique en apparence, je pensais pouvoir piloter ma vie sans trop de perturbations...
La prise de conscience a été rude. Parce que cela m'a remis brutalement en question. Je me suis rendue compte combien j'avais toujours été entourée de personnes bienveillantes qui m'avaient aimées, aidées, soutenues, encouragées tout au long de ma vie. Qui s'étaient montrées indulgentes et compréhensifs, malgré cet enfermement, la dureté et la froideur qui en résultaient. Je m'en suis beaucoup voulue de ne pas l'avoir vue, de ne pas avoir su l'apprécier. Comme je m'en suis voulue de ne pas toujours voir et comprendre ce que eux vivent, être présente pour eux de manière juste, d'avoir autant de mal à échanger et partager avec eux de manière plus profonde et ouverte.
Un long processus que d'accepter tout ceci. D'accepter que ce fontionnement n'était pas fondamentalement le mien mais que j'ai eu besoin de cette protection pendant les 40 premières années de ma vie. Et qu'aujourd'hui que je m'en rends compte, je vais pouvoir changer. Me réveiller, sortir du donjon et rentrer de pleins pieds dans ma vie, en cheminant avec et à côté des autres.
Ce texte attend depuis des mois dans mes brouillons. Je m'inventais pleins d'excuses pour ne pas le publier. La vérité, c'est que j'avais encore peur. La peur de me reconnaitre vulnérable, de le dire, et que cela ne se voit.