Suite à cet article, quelques personnes m'ont posé la question suivante "comment fais-tu pour te débarrasser de souvenirs polluants et plombants?".
En fait, ces souvenirs n'ont pas disparu d'un coup de baguette magique. De toute façon, même si je voulais les faire disparaitre, je ne pourrais pas : ils sont archivés quelque part. J'ai juste appris à les regarder, au lieu des les occulter.
Dans ma vie, je suis confrontée à des situations qui se répètent encore et encore. A chaque fois j'ai le choix :
- soit être fataliste, me dire que c'est comme ça, que je n'ai pas de chance ou que c'est mon caractère et que je ne peux pas le changer;
- soit décider de regarder en face la situation, décrypter mon comportement et chercher le pourquoi du comment. Pour modifier ce qui me gonfle chez moi.
Définitivement, j'ai choisi la seconde solution.
Etre dans cette démarche m'a demandé d'aller soulever le couvercle d'une histoire personnelle et familiale que je ne voulais pas aller regarder. Je m'étais persuadée que je n'avais pas besoin du tout pour vivre ma vie d'adulte, que je pouvais faire avec sans problème.
En réalité, je l'ai compris il y a peu, j'avais peur d'être destabilisée par mes souvenirs. Donc je les gardais loin. Mais au final, c'est de ne pas les regarder qui auraient fini par me déstabiliser. En sédimentant, tout au long de ma vie, des couches et des couches d'incompréhensions, de non-dits, de mal-être...Car ils avaient construits des comportements, des ressentis, des conditionnements, qui ne sont pas les miens, qui ne sont pas/plus ceux que je veux vivre.
Pendant des années, mon refus d'aller voir m'a protégée : j'en avais besoin pour grandir. Mais aujourd'hui que je veux rentrer de plein pied dans une vraie vie d'adulte, j'apprends à regarder ses souvenirs et mon histoire comme une force. Comme autant d'élément qui m'ont construits.
Comme le dit Marie-Lore dans son commentaire, "les mauvais souvenirs ne s'effacent pas. ils se transforment et ne restent plus douloureux". Elle ajoute une chose fondamentale : "le travail sur le corps est important pour cela, sinon c'est la tête bourrée de traumatisme qui continue à regarder ses peines".
Revenir au corps, c'est ce qui m'a permis cette ouverture sur le passé, en m'amenant petit à petit à lâcher mon mental qui vérrouillait tout. Il est fort le mental, il pose des barrières dont on se rend même pas compte, il planque des trucs, il nous fait avancer coûte que coûte, même quand la machine est fatiguée ou lance des signaux de détresse. Revenir au corps, c'est ouvrir les vannes et se retrouver "en totalité". Ca peut faire peur...et pourtant ce n'est que du bonheur!
Photo Thalie