Petite, je me suis fait tacler parce que j'exprimais des ressentis qui dérangeaient les adultes. Qui du coup, soit ne m'écoutaient pas, soit me grondaient, soit me disaient que c'était du grand n'importe quoi.
Alors, j'ai appris à faire taire ce ressenti; pire, j'ai douté de lui et même quand il se manifestait, je ne voulais plus l'entendre ni l'écouter. Je ravalais mon truc et je ne lâchais plus rien de rien. Je me mettais en mode "tête de cochon", le seul moyen que j'ai trouvé pour exprimer mon malaise, ma colère, ma désapprobation, ma peine...
Depuis des mois, j'essaie de changer cela : me rebrancher à ce ressenti qui est le meilleur des guides, et tenter de l'exprimer!
Alors j'ai commencé à essayer de répondre le plus sincèrement possible à la question "comment ça va?". Au lieu de répondre "ça va", comme d'habitude, j'ai répondu "ça va bien", "ça va moyen" ou "ça va bof".
Se faisant, je pensais exprimer un ressenti. Mais j'ai compris récemment, lors d'une conversation avec une amie, que ce n'était pas le cas.
"Ca va bien", "ça va bof", ça veut tout et rien dire. Ca n'amène pas à se poser clairement la question de ce que je ressens et à le partager. C'est une réponse bateau qui reste en surface et qui permet de continuer à planquer.
Dire vraiment comment on se sent, cela amènerait à répondre "je me sens gaie", "je me sens confiante", "je me sens zen" mais aussi "je me sens fatiguée", "je me sens triste".
Vous sentez la différence? Alors si au lieu de se demander "comment ça va", on se demandait "comment tu te sens"?
La pirouette de fin avec la chanson de Bruel est facile, je vous l'accorde. En même temps, elle l'illustre bien ce "ça va" de façade...